Activité physique et sédentarité

Activité physique et sédentarité

Par Cnam-ISTNA, Expertise alimentation, activité physique et santé

Définitions

L’activité physique, ce sont tous les mouvements effectués dans la vie quotidienne.  

Il y a 4 grandes catégories :

  • Les activités physiques de loisirs (vélo, marche, baignade, jardinage, exercices physiques et tous les sports comme le football, le handball, le tennis…)
  • Les activités physiques de déplacement actif (marche, vélo, trottinette, roller…)
  • Les activités physiques de la vie domestique (tâches ménagères, port de charges…)
  • Les activités physiques scolaires ou professionnelles (manutention, marche, éducation physique et sportive…) 

La sédentarité correspond aux situations passées en position assise ou allongée (en dehors de la période du sommeil ou du repas), où les mouvements du corps sont réduits à leur minimum (regarder la télévision, travailler sur ordinateur, jouer à des jeux vidéo).

Recommandations nationales, Programme National Nutrition Santé

+ Recommandations nationales enfants 2-5 ans

ACTIVITE PHYSIQUE

Au moins 3 h/jour d’activité physique, de jeux variés et ludiques.

SEDENTARITE

  • Éviter de rester plus d’1 h d’affilée en position assise ou allongée, hors temps de sommeil, de repas et de sieste.
  • Limiter l’exposition aux écrans à moins d’1 heure par jour.

+ Recommandations nationales enfants 6-11 ans

ACTIVITE PHYSIQUE

  • Au moins 1h/jour d’activité physique d’intensité modérée à élevée.
  • Tous les 2 jours parmi les activités pratiquées, au moins 20 minutes d’activité physique d’intensité élevée et des activités variées qui renforcent les muscles, améliorent la santé osseuse et la souplesse (saut à la corde, saut à l’élastique, jeux de ballon…)

SEDENTARITE

  • Limiter au maximum les activités en position assise ou immobile
  • Éviter de rester plus de 2 h d’affilée assis ou allongé hors du temps de sommeil et des repas
  • Après de 2h d’affilée en position assise ou allongée, marcher quelques minutes et faire quelques étirements
  • Limiter à 2 h/jour le temps de loisirs passé devant un écran.

+ Recommandations nationales adolescents 12-17 ans

ACTIVITE PHYSIQUE

  • Au moins 1 h/jour d’activité physique d’intensité modérée et élevée.
  • Tous les 2 jours parmi les activités pratiquées, des activités qui renforcent les muscles, les os et améliorent la souplesse (saut à la corde, jeux de ballon, gymnastique, danse…)

SEDENTARITE

  • Limiter au maximum les activités en position assise ou immobile
  • Éviter de rester plus de 2 h d’affilée assis ou allongé hors du temps de sommeil et des repas
  • Après 2h d’affilée en position assise ou allongée, marcher quelques minutes et faire quelques étirements
  • Limiter à 2 h/jour le temps de loisirs passé devant un écran.
Bienfaits de l’activité physique

L’activité physique a un rôle important sur la santé, tant physique que mentale :

  • Elle améliore la condition physique : influence le fonctionnement du cœur et des poumons, entretient la force musculaire, la souplesse, l’équilibre, la coordination et le tonus, augmente le capital osseux et la résistance à l’effort,…
  • Elle permet d’être en forme : améliore la qualité du sommeil, favorise la résistance à la fatigue, diminue l’anxiété et la dépression, aide à se relaxer, à gérer son énergie, développe l’estime de soi et la confiance en soi, renforce le lien social…
  • Elle protège la santé : limite la prise de poids et prévient le surpoids et l’obésité, diminue le risque de maladies cardio-vasculaires, l’hypertension artérielle, le diabète de type 2 et certains cancers…
Comment développer l’activité physique ?

Connaitre les facteurs influençant la participation à l’activité physique est primordial pour développer l’envie et le plaisir à pratiquer de l’activité physique chez les enfants et les adolescents.

  • La famille, les amis et l’entourage (éducateurs, animateurs, professionnel de santé…) ont un rôle à jouer : attitudes, modèle, incitations à la pratique, participation conjointe aux activités, inscription à des activités, accompagnement, contrôle du temps passé devant un écran…
  • La disponibilité et l’accessibilité des lieux, des équipements sportifs et des offres de loisirs encadrés (espaces verts, zone de loisirs, chemins piétonniers…)
  • Les croyances, les cultures…
Et pour les personnes en situation de handicap mental, psychique et cognitif ?

Quelques freins sont invoqués quant à la pratique d’une activité physique pour les enfants et adolescents concernés. Il s’agit par exemple de :

  • Manque de moyens financiers
  • Manque de connaissances sur l’activité physique
  • Manque d’accès aux activités sportives ou de loisirs
  • Manque d’idée et de motivation pour pratiquer chaque jour
  • Repli social, sédentarité…

Par ailleurs, certaines difficultés, variables selon les personnes, sont à prendre en compte pour la mise en place des activités.

Par exemple :

  • Une faible aptitude physique
  • Des difficultés de coordination
  • Des troubles de l’attention, de la compréhension et de la mémorisation
  • Des difficultés à hiérarchiser les informations reçues
  • Des difficultés à s’orienter dans le temps et l’espace

Ces difficultés peuvent être nettement améliorées par une pratique régulière, mais elles imposent une préparation et une formation spécifique des professionnels qui accompagnent les enfants et adolescents dans la pratique. L’activité physique sera ainsi adaptée à chaque cas, selon les compétences et les aspirations de chacun, et en tenant compte du handicap physique ou sensoriel associé et aux maladies et traitements éventuels.

Comme pour tous, l’activité physique régulière doit faire partie intégrante du projet de vie de l’enfant ou de l’adolescent en situation de handicap. Elle permet spécifiquement pour ce public :

  • De lutter contre l’isolement et le mal-être
  • D’améliorer les fonctions sensori-motrices et cognitives : représentation du schéma corporel, maîtrise du corps, traitement des informations sensorielles, automatisation de certaines actions
  • De développer la coordination et la précision des gestes
  • De favoriser la sociabilité et des interactions positives avec son entourage
  • De développer l’estime de soi

Les activités physiques sont un complément précieux et indispensable aux soins, à l’éducation et au travail.

Possibilités de pratiques d’activités physiques

En établissement spécialisé

Avec qui et comment :

  • Les professionnels spécialisés en activité physique et en motricité par la mise en pratique d’activités physiques diversifiées
  • Les éducateurs, moniteurs spécialisés, enseignants, professionnel de santé… par la sensibilisation à la pratique d’activité physique régulière, à l’éducation aux comportements favorables et au développement des connaissances, de l’envie et du plaisir à pratiquer

Chez soi 

Avec qui et comment : la famille, l’entourage ou seul par des déplacements à vélo, des parcours de santé, de la marche, des jeux…

En association, en association sport adapté :

Avec qui et comment : des professionnels du sport par la pratique de sport avec des règles collectives

Pourquoi :

  • Pour donner accès à une diversité d’activités physiques : intérieur, extérieur, en duels, en collectif, en individuel, avec ou sans matériels… et limiter le temps passé assis, devant écran
  • Pour favoriser les réflexes autour des déplacements actifs et la pratique en toute sécurité  
  • Pour développer des repères quotidiens
  • Pour favoriser la connaissance et l’utilisation des infrastructures pour l’activité physique en accès libre
  • Pour encourager et faciliter l’intégration sociale, les relations sociales et l’estime de soi

L’activité physique dans la vie quotidienne peut se pratiquer sans équipement particulier et n’implique pas systématiquement l’accès à des installations spécifiques.

Ces trois niveaux : établissement, famille/individu et associations permettent de développer des compétences, des habiletés motrices, cognitives et aussi mettre en exergue les bénéfices de partage, de convivialité, de plaisir autour de la pratique d’activité physique.

Sources
  • Programme National Nutrition Santé, Site www.mangerbouger.fr
  • Daniel Rivière. Sport et handicap mental. Empan, 2010.
Autisme et comportement alimentaire

Autisme et comportement alimentaire

Par Aline Reinbolt, Psychologue

Introduction

L’autisme est défini comme un trouble neuro-développemental.

On trouve souvent dans la littérature concernant les personnes autistes, des familles se plaignant des troubles alimentaires de leur enfant (tétées anormalement longue, refus de passer à la nourriture solide, préférences mono-alimentaires). Quelle en est leur origine ? Ces troubles apparaissent souvent très tôt dans la vie de l’enfant et ne sont envisagés que sur un mode psychoaffectif alors qu’on devrait prendre en compte d’autres paramètres : retards et anomalies de développement, prématuré, anoxie néonatale, anomalies cérébrales observées au scanner etc. qui pourraient expliquer la nature des troubles constatés.

Quelles sont les capacités à évaluer afin d’accompagner les personnes avec autisme lors des repas ?

Capacités physiologiques et biologiques

1. La mastication

Est-elle correcte pour l’âge chronologique, pour l’âge développemental ? Est-elle partielle ou inexistante ?

La mastication met en jeu une activité musculaire et un contrôle neurologique. Elle a un rôle dans la préparation du bol alimentaire, c’est-à-dire dans la modification de la consistance des aliments. Elle participe également à l’optimisation du goût, à son maintien en mémoire. Elle joue un rôle dans la sensation de satiété.

Chez les personnes avec autisme, on peut observer le stockage en bouche d’un volume important qui peut ensuite être avalé d’un coup, sans être mastiqué.

Ces altérations du temps masticatoire peuvent entrainer des perturbations concernant la dentition, la digestion et des dysfonctionnements sensori-gustatifs

2. La déglutition

Est-elle primaire ou mature ?

L’observation nous montre que plus de la moitié des personnes adultes avec autisme présentent encore une déglutition primaire. Une déglutition où le temps buccal et le temps pharyngé ne sont pas distincts : elles avalent immédiatement toute nourriture ou boisson qu’elles mettent dans leur bouche comme le font normalement les bébés. L’étiologie des troubles peut être multifactorielle (génétique, neurologique, neuromusculaire, environnementale, ou encore psychosociale) et agir seule ou en combinaison. Les troubles massifs de l’apprentissage rencontrés chez les personnes avec autisme peuvent également expliquer certains de ces troubles.

La personne peut alors faire des fausses routes c’est à dire l’inhalation de nourriture ou de boisson.

3. Le goût

Le goût est un phénomène multimodal qui met en jeu la vision, l’olfaction, l’audition (bruits dans la cavité buccale) et la somesthésie (sensibilité) buccale.

Il existe chez les personnes avec autisme, des particularités sensorielles de type hypo ou hypersensibilité (la personne ne réagira pas à certains stimuli ou au contraire réagira de façon exagérée), de surcharge (trop d’informations reçues en même temps ne pourront être traitées), de distorsion, des difficultés de perception multimodale.

La personne avec autisme peut présenter une sélectivité alimentaire. Cette dernière est expliquée par une origine développementale, par un retard neurologique.

La présence de pica (ingestion d’objets ou de substances non comestibles) est fréquente chez les personnes avec autisme. Le pica peut être mis en rapport avec des difficultés cognitives importantes et peut avoir une origine neuro-développementale.

Facteurs socioculturels et psycho-affectifs

Notre comportement alimentaire est ancré dans notre culture. L’enfant intègre ses règles par un bain social permanent sous la forme d’une transmission intergénérationnelle (familiale, aliments familiers) et une transmission intra générationnelles (une grande influence des pairs est notée entre 3 et 5 ans).

Les personnes avec autisme montrent une certaine indifférence au modèle socioculturel. Les difficultés observées dans le domaine des interactions sociales jouent un rôle dans la mise en œuvre et la persistance d’une sélectivité parfois importante. Les difficultés d’imitation, d’attention conjointe, de généralisation, de perception de sensation… entravent la transmission du comportement alimentaire.

Le repas, acte éminemment social, est également perturbé. La personne avec autisme peut marquer son aversion des situations collectives (troubles des relations sociales, incompréhension de la situation, bruit …) et sa difficulté à exprimer ses choix et ses ressentis, dû à un trouble de la communication.

Pistes de rééducation

Quelle que soit l’origine des troubles : génétiques, neurologiques, posturaux, moteurs, respiratoires mais aussi psycho-affectifs, il est essentiel de prendre un temps de prise en charge. Le repas est un des plaisirs fondamentaux de la vie humaine. C’est un moment qui doit être privilégié. La rééducation ne doit pas être subie car trop contraignante ou trop longue mais introduite progressivement et souvent en dehors des repas. La prise en compte des troubles du comportement alimentaire de la personne autiste doit se faire dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire et de la famille.

Par conséquent différents troubles sont à prendre en compte : troubles de la posture, troubles de la motricité fine, trouble de la mastication, trouble de la déglutition, trouble de la communication expressive et réceptive et également, les habitudes culturelles et le mode de fonctionnement des repas familiaux.

Une vigilance doit également être portée sur la saveur, la chaleur, la texture, l’aspect visuel des aliments et des affects résultants des informations recueillies. 

Pistes d’activités éducatives

Ateliers cuisine : 

  • Travailler sur les menus
  • Travailler sur les interactions et observations (qu’est-ce l’enfant ou l’adolescent aime manger ?)
  • Travailler sur les quantités
  • Travailler sur les condiments
  • Organiser des moments conviviaux autour du repas (anniversaire, fête …)
  • Création d’un cahier de goûts pour favoriser l’évocation et la mémorisation afin de créer des images mentales
Image du corps et handicap

Image du corps et handicap

Par Chantal Sterckeman, Psychologue

L’image de soi

« L’autre n’est autre que parce qu’il est à la fois semblable et différent » (Vladimir Jankélévitch)
« Les miroirs feraient bien de réfléchir avant de nous renvoyer notre image » (Jean Cocteau)

L’image et l’estime de soi sont influencées par le regard de l’autre.
L’image du corps, l’estime de soi et l’identité sont modelés par les critères sociaux, les normes, les valeurs familiales.
Le corps, dans son intégrité, est à la base de la construction de l’identité.

La construction de soi

La construction de soi s’établit par :

  • son histoire
  • la place qu’on lui donne familialement, socialement
  • le regard porté sur lui, par lui-même
  • l’image renvoyée par le regard de l’autre

dans l’environnement proche de l’enfant puis représenté par la société dans son ensemble.

Le sentiment d’unité corporelle

L’enfant perçoit sa propre image dans le miroir d’abord comme celle d’un autre puis comme une image enfin, comme son image. L’image du corps s’élabore entre 18 et 24 mois, le moi se construit peu à peu, il dira « je ».

La représentation du corps

Des changements lents s’intègrent. L’identité de genre s’affirme, par l’identification au parent de même sexe, par la reconnaissance de différences anatomiques.

La comparaison entre soi-même et autrui

Dés 3 ans, l’enfant commence à prendre en compte les caractéristiques de sa propre personne.

L’image de soi

Elle se construit dès la naissance dans les premiers liens, elle s’acquiert et évolue tout au long de l’existence.
C’est l’ensemble du savoir positif ou négatif que l’on a sur soi.
C’est le résultat d’une construction psychique.
C’est le produit d’une activité cognitive.
Elle évolue au fil du développement, par comparaison aux autres.

C’est quand s’éveille la conscience de soi que s’éveille le souci de l’image de soi

L’image de soi se construit dans le jeu de la différence et de la ressemblance.

Pour ce faire, elle nécessite à la fois :

  • une reconnaissance d’une ressemblance aux parents. L’enfant doit être reconnu comme semblable avant d’être différent.
  • une reconnaissance de la différence pour exister en tant que soi. Si les différences apparaissent majeures et masquent les similitudes, l’autre ne peut pas être reconnu comme semblable.

Elle se construit par les expériences agréables ou douloureuses, au travers du regard des autres.

L’estime de soi

Elle est proportionnelle à la satisfaction corporelle qui correspond à la proximité entre corps idéal et corps perçu.
Plus l’écart entre forme perçue et forme idéalisée augmente, plus l’insatisfaction augmente.
Plus l’âge augmente, plus l’insatisfaction corporelle grandit.

L’enfant ne se sait pas handicapé à la naissance

C’est le regard de l’autre, parfois même avant la naissance qui le renvoie à son identité de personne handicapée :

  • risque que le handicap à la naissance fragilise la construction psychique de l’enfant,
  • risque qu’il ne puisse répondre au désir parental (deuil de l’enfant rêvé, idéalisé, à faire par les parents, par la fratrie),
  • lecture par les parents dans le regard des autres de handicap de leur enfant,
  • le nom d’ “handicapé” par les autres avant de l’être pour lui-même.

Difficultés pour l’enfant en situation de handicap dans la vie quotidienne et auprès des gens qui l’entourent du fait de son handicap et de l’image que lui renvoie autrui :

  • trouver un modèle pour se construire, construire une conscience de soi quand la différence marquée prend le dessus sur les ressemblances,
  • se construire une identité derrière l’appellation « handicapé »,
  • se construire à travers un regard posé sur le handicap plus que sur lui-même. Si l’on ne distingue pas le handicap de la personne, comme si la déficience définissait l’identité parce que ce serait la première chose que l’on voit,
  • découvrir par lui même ses incapacités et ses limites, il est très rapidement objet d’évaluation et de soin,
  • faire exister le corps plaisir à coté du corps soin,
  • avoir des influences négatives sur le sentiment de satisfaction lors d’expériences de stigmatisation,
    souffrir moralement dû à l’image que les personnes en situation de handicap ont d’elles-mêmes, avec risque de repli sur soi ou d’affirmation provocatrice de soi, d’évitement d’expérimentation, d’inhibition corporelle (ce n’est pas l’échec qui pousse l’enfant à se déprécier, c’est le regard des autres face à ses échecs),
  • avoir une image dégradée de soi qui contribue à modifier le comportement des personnes en situation de handicap à l’égard d’autrui et qui accentue la différence.

Pour accepter le regard de l’autre, et obtenir un sentiment de satisfaction :

  • pratique d’activités valorisantes,
  • exploitation du sentiment de compétence, notamment physique,
  • transfert pour affecter les autres dimensions de l’estime personnelle (cognitive, sociale, apparence, conduite..),
  • soutien social,
  • développement du sentiment d’intégration, de pouvoir mener une vie “normale”, de se référer et de s’identifier aux autres,
  • reconnaissance de la singularité.
Surpoids et obésité, généralités

Surpoids et obésité, généralités

Par Anne-Marie Bertrand, Pédiatre

Définitions et diagnostic

Le surpoids et l’obésité sont définis comme une accumulation anormale ou excessive de graisse qui présente un risque pour la santé selon l’Organisation Mondiale de la Santé. L’obésité est une pathologie chronique, à début plus ou moins précoce, mettant en cause le bien être physique, psychologique et social de l’individu. Elle traduit un déséquilibre entre les apports et les besoins énergétiques.

L’indice de masse corporelle (IMC), bon reflet de l’adiposité (accumulation de graisse dans les tissus cellulaires), est le meilleur critère diagnostique et pronostique de surpoids et d’obésité chez l’enfant. Il se calcule à l’aide de la formule : IMC (kg/m²) = Poids (kg) / Taille² (m).

Chez l’adulte, on parle de surpoids lorsque l’IMC se situe au-delà de 25, d’obésité au-delà de 30.

Chez les enfants et les adolescents, il n’est pas possible de définir un seuil d’indice de masse corporelle car la corpulence varie physiologiquement au cours de la croissance et en fonction du sexe, nécessitant de se référer à des courbes de référence (figure 1).

En France, on utilise les courbes de référence françaises et les seuils de l’International Obesity Task Force (IOTF). Les courbes de corpulence de référence françaises sont établies en centiles, permettant de définir les zones d’insuffisance pondérale (< 3e percentile), de normalité (3e -97e percentile) et de surpoids (> 97e percentile) depuis la naissance jusqu’à l’âge de 18 ans. Au cours de la croissance, la corpulence augmente la première année de la vie, puis diminue jusqu’à l’âge de 6 ans et croît à nouveau jusqu’à la fin de la croissance. La remontée de la courbe de l’IMC observée en moyenne à l’âge de 6 ans est appelée rebond d’adiposité.

Un enfant est en situation de surpoids lorsque sa corpulence se situe au-delà du 97e percentile des courbes de référence françaises. L’enfant est en situation d’obésité lorsque sa corpulence le situe au-dessus du seuil de l’IOTF-30.

Plus que le niveau de corpulence en lui-même, il est important de suivre l’allure évolutive de la courbe : une ré ascension trop précoce de la courbe (avant 5 ans) est appelée rebond d’adiposité précoce, facteur de risque majeur de surpoids et d’obésité ultérieurs. Son repérage est précieux car il précède un surpoids visible cliniquement.

Figure 1 : Courbes de corpulence françaises et seuils de l’IOTF pour les filles. Rolland Cachera

Cette mesure de la corpulence est complétée idéalement par celle du tour de taille ; si le rapport tour de taille/taille est supérieur à 0,5 dès l’âge de 6 ans, il existe une obésité abdominale, facteur de risque cardio-vasculaire et métabolique.
Le tour de taille est mesuré sur un enfant debout, bras écartés, torse nu, en respiration libre, mètre ruban souple positionné à mi-distance entre la dernière côte et la crête iliaque ou au niveau du périmètre abdominal le plus petit.

Surveillance de la corpulence et rebond d’adiposité

Cette évolution doit être suivie par le médecin traitant de l’enfant sur la courbe de corpulence, dans l’idéal, 2 ou 3 fois par an (de la naissance à 2 ans : au minimum 3 fois par an ; après l’âge de 2 ans : au minimum 2 fois par an).

Il est recommandé d’être vigilant aux signes d’alertes suivants :

  • Ascension continue de la courbe depuis la naissance
  • Rebond précoce (plus il est précoce, plus le risque de devenir obèse est élevé)
  • Changement de couloir vers le haut, car associé à un risque plus élevé de développer un surpoids et une obésité

Les professionnels de santé (médecin traitant, pédiatre, professionnels des services de Protection maternelle et infantile ou de santé scolaire) ont un rôle important de dépistage de ces signes d’alerte pour amener, avec bienveillance, la famille à comprendre cette évolution et à y remédier.
L’obésité chez l’enfant présente un risque important de persistance à l’âge adulte. La probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie selon les études de 20% à 50% avant la puberté, à 50% à 70% après la puberté.

Situation de surpoids, d’obésité chez les enfants présentant un handicap

Un enfant porteur d’un handicap, quel qu’il soit, est plus à risque de développer un surpoids ou une obésité, qui peut retentir fortement sur sa qualité de vie et constituer un « double handicap ».

L’obésité, favorisée par des facteurs comportementaux, comme la sédentarité, les compulsions alimentaires, le manque d’activité physique et des facteurs hormonaux et métaboliques est une des complications préoccupantes du handicap par son retentissement somatique.

D’une manière générale, le risque d’excès de corpulence est de 1,5 à 2,5 fois plus élevé que celui des enfants du même âge sans handicap. De nombreux facteurs sont intriqués, individuels, familiaux, professionnels et sociétaux. La situation s’aggrave avec l’âge, parallèlement aux difficultés du parcours de vie.

Tableau 1 : Prévalence de l’excès de corpulence (surpoids + obésité) chez les enfants et adolescents en situation de handicap mental

Revue de la littérature, extrait du livre Pr RICOUR IME LA GABRIELLE, « Obésité et handicap mental, ce n’est pas une fatalité. Recherche action à l’institut médico-éducatif de La Gabrielle, MF Pass. » 

Les facteurs de risque de surpoids /obésité sont les mêmes que pour tout enfant et sont souvent cumulés, nécessitant de repérer l’obésité d’un ou des deux parents, leurs comportements, leurs habitudes de vie par rapport à l’alimentation, à la sédentarité et l’inactivité physique. Une attention particulière doit être portée au contexte socio-économique des familles (dont les situations de précarité financière), à leur vulnérabilité (éducationnelle, structure parentale…).

Le parcours préalable de l’enfant au travers de diverses institutions (avec des adaptations successives demandées) et le mode de prise en charge (IME en semi externat, internat, classes externalisées, prise en charge à domicile type SESSAD …) sont aussi à prendre en compte.

Les conséquences pour la santé doivent être comprises par les professionnels et les parents. Les risques sont cardio-vasculaires, respiratoires, métaboliques, orthopédiques… sont évitables mais il ne faut pas attendre une normalisation spontanée (mythe de la puberté réparatrice) puisqu‘il y a plutôt une aggravation à l’âge adulte.

L’impact du problème de poids sur la vie quotidienne de l’enfant et de l’adolescent (essoufflement, douleurs articulaires, gêne à l’habillage, difficultés de déplacements, troubles du sommeil, fatigue…) et dans ses relations avec les autres (stigmatisation, moqueries, accentuations de troubles anxieux et dépressifs) est à évaluer. La souffrance de l’enfant n’est pas toujours bien identifiée par l’entourage (famille, professionnels). Cette situation génère de la culpabilité chez les familles et questionne les soignants.

Elle nécessite une mobilisation de l’institution sur les deux volets de prise en charge et de prévention.

Constipation

Constipation

Par Irène Benigni, Diététicienne, spécialisée dans l’alimentation des personnes avec polyhandicap

Symptômes de la constipation
  • Une fréquence d’exonération supérieure à deux jours
  • Des selles dures
  • Une alternance de selles dures et de selles liquides
  • Des efforts de poussée importants

Elle est source de douleur, de ballonnements, d’inconfort et peut s’aggraver par la formation d’un fécalome et d’une occlusion.

Ses causes principales de la constipation

Souvent plusieurs de ces facteurs sont impliqués.

  • Le manque d’activité physique,
  • Certains traitements médicamenteux (notamment neuroleptiques, anti-épileptiques, psychotropes)
  • L’insuffisance d’apport de boissons et de fibres,
  • Une texture des repas inadaptée aux possibilités masticatoires de l’enfant
Conseils pratiques

Une bonne position aux toilettes : l’angle entre le tronc et les cuisses doit être inférieur à 90 degrés, penser à placer un tabouret sous les pieds des enfants.

Source : Vivre mieux, le blog

Des horaires réguliers

Préserver l’intimité et le temps

Bouger

  • Encourager la marche, le mouvement, le sport.
  • Masser l’abdomen dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du nombril et en élargissant le cercle.

Une bonne hydratation
En moyenne il est nécessaire de boire un litre et demi par jour en évitant les boissons sucrées.
Penser aux eaux riches en magnésium.

Une alimentation riche en fibres
Les fibres permettent une augmentation de la masse et du volume des selles.
L’augmentation de la masse et du volume des selles a pour effet de stimuler les contractions coliques responsables du brassage et de la progression des selles, et ainsi de réduire le temps de transit. Les gaz coliques produit par la digestion des fibres par la flore contribuent à cette stimulation du péristaltisme.

Pour enrichir l’alimentation en fibres, on veillera à proposer :

  • Des légumineuses 2 fois par semaine (lentilles, flageolets, haricots blancs, pois cassés, pois chiche…) en accompagnement de la viande, en vinaigrette ou dans un potage.
  • Des fruits et légumes crus et cuits,
  • Du potage, il n’est pas réservé aux personnes âgées, les bars à soupe deviennent très « tendance ». Soyons créatifs.
  • Des aliments complets : pain complet ou pain au son, pâtes complètes, riz complet.
  • Des fruits secs (pruneaux, abricots secs…)

En adaptant la texture des aliments aux possibilités masticatoires de l’enfant
(Voir chapitre mastication)
Des morceaux d’aliments avalés sans être mastiqués peuvent se retrouver intacts dans l’intestin (ex des grains de maïs ou des flageolets) et gêner la progression du bol alimentaire.

Par des traitements laxatifs par voie orale ou rectale sur prescription médicale